Midwinter de Fiona Melrose

8.5 Eve
8.5

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Midwinter en bref

Vale habite à la ferme avec son père, Landyn. Après s’être disputé avec lui, il part en bateau avec son ami alors que la soirée a été bien arrosée et les conditions météorologiques défavorables. Il est toujours très affecté par le meurtre de sa mère en Zambie 10 ans plus tôt.

Rencontre avec l’auteur Fiona Melrose

Nous avons rencontré Fiona Melrose  au café près de l’Odéon, moment d’échanges organisé par la Table ronde. C’est son premier roman.

A la lecture du roman, nous avons été agréablement surpris par deux points. Tout d’abord, la qualité de la rédaction, la finesse de la description des personnages et la richesse des émotions pour un premier roman. Ensuite, la facilité de Fiona Melrose à se mettre dans la peau de personnages masculins.

Un premier roman très abouti

L’auteur n’avait jamais écrit auparavant, à part son journal. Elle vivait dans la région agricole où se situe son roman, dans le Nord Est de Londres, en bord de mer. Comme elle s’ennuyait, elle s’est inscrite dans un cours d’écriture collectif de 2 semaines pour rencontrer des gens. On lui a demandé d’écrire 4 ou 5 chapitres. Elle a décrit ce qu’elle voyait de sa fenêtre. Cela lui a ensuite donné envie d’aller plus loin et d’écrire un roman.

Ce roman s’inspire directement de l’environnement qui l’entoure et de ce qu’elle observe : l’isolement, la nature, les travailleurs agricoles. Fiona Melrose était très observatrice et était très à l’écoute de ce milieu composé essentiellement d’hommes, de leurs attitudes, de leur langage qu’elle essaie de retranscrire dans le roman. La nature et les animaux y occupent aussi une place importante.
La scène sur le bateau est très réaliste et anxiogène. L’auteur n’a jamais navigué. L’aspect technique a été relu par ses cousins mais le récit est marqué par sa peur de la noyade.

La retranscription d’un milieu masculin très réaliste

Les relations entre le père et son fils, la violence qui les habite, la difficulté de communiquer sont d’une grande justesse. L’auteur nous rappelle, à juste titre, que les émotions et la douleur sont universelles même si les manifestations peuvent être différentes pour les hommes et les femmes.
Malgré la rudesse de ce milieu, Fiona Melrose parvient à nous montrer dans ce roman l’amitié qui cimente ces hommes, leur entraide.

Un premier jet rapide

La période d’écriture a été très difficile, elle y a retranscrit sa solitude. Elle a pris un an et demi même si le premier jet a été réalisé en 2 mois.
Le roman alternant entre le père et le fils, chaque chapitre a été écrit dans sa globalité pour ne pas perdre son élan.

Un renard mystérieux comme fil conducteur

Un renard est représenté sur la couverture bien que cela ne soit pas le sujet central du roman. Nous le retrouvons tout au long du roman.
Une phrase sur la mort renard roux est venue à l’esprit de l’auteur. Elle a su tout de suite que cette phrase serait prononcée par le père et cela serait la fin du livre. Elle a ensuite rédigé ce roman dans ce sens.
Le renard représente l’énergie féminine et la nature dans ce monde masculin. Il concentre à la fois la violence des animaux sauvages, la douceur (telle la renarde auprès de ses renardeaux) et le côté mystérieux, intriguant.

Fiona Melrose a par ailleurs abordé des sujets qui lui tiennent à coeur.
Elle a voulu décrire la réalité de la vie rurale en Angleterre avec le chômage, ces jeunes garçons qui n’ont pas beaucoup de perspectives d’avenir et se tournent vers l’alcool. Ce n’est pas l’image que l’on peut avoir de la campagne anglaise.
La situation de l’action en Zambie en Afrique est lié au fait que l’auteur a partagé sa vie entre l’Angleterre et l’Afrique. Plus particulièrement, le parallèle entre Chisongo et le fils Vale, qui ont le même âge, qui sont tous les deux fermiers et qui finissent par déraper, alors qu’ils vivent dans deux continents différents, pousse à la réflexion. Cette résonance intéressait particulièrement Fiona Melrose.

Le Mot de l’éditeur

Landyn Midwinter et Vale, son fils, agriculteurs dans le Suffolk, sont des hommes du terroir. Face à la concurrence des grandes entreprises ils doivent lutter pour garder leur propriété. Mais un combat plus profond et plus brutal est à l’œuvre depuis la mort tragique de Cecelia, épouse et mère adorée, dix années auparavant en Zambie ; un passé jusque-là enfoui, non dit, retranché derrière la maladresse et la douleur des deux hommes. Lors d’un hiver particulièrement éprouvant, Landyn et Vale affrontent enfin le souvenir qui les hante, et mettent à l’épreuve Ie fragile tissu de leur relation.
Un premier roman sombre et magistral.

Quelques mots sur l’auteur Fiona Melrose

Née à Johannesburg, Fiona Melrose vit entre l’Afrique du Sud et l’Angleterre. Elle a travaillé dans l’analyse politique pour des ONG et le secteur privé.
Son premier roman, Midwinter, a été sélectionné pour le Baileys Women’s Prize for Fiction 2017. Johannesburg, son deuxième roman, vient de paraître en Angleterre.

Notre avis

Les évocations de souvenirs 10 ans auparavant au fil du récit nous font prendre progressivement conscience du drame que Vale et Landyn ont vécu et des blessures encore ouvertes. Elles permettent également de faire le parallèle entre la situation du jeune Vale en Angleterre et du jeune Chisongo en Zambie.
L’auteur alterne les points de vue du père et de son fils, illustrant leurs difficultés à communiquer et à se comprendre. Elle parvient à créer un sentiment de proximité avec les personnages, qui est renforcé par les dialogues et le langage parlé.

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