Nous avons eu l’occasion de rencontrer, le 16 février, Martin Michaud, l’auteur du polar « Violence à l’origine », qui nous a parlé de la genèse de son roman, de sa construction et des principaux personnages.
Violence à l’origine en bref
Violence à l’origine est le quatrième volet des enquêtes de Lessard, un enquêteur Responsable de la section des crimes majeurs du service de police de la Ville de Montréal.
Dans ce tome, il doit enquêter sur la mort d’un haut gradé du SPVM dont la tête a été retrouvée dans un conteneur à déchets d’une boulangerie.
Chaque roman porte sur une question qui interpelle l’auteur (le coma, l’assassinat du Président Kennedy…). Il essaie de faire en sorte que le lecteur ait envie de tourner les pages mais aussi de braquer le projecteur sur des faits qui le touchent. Il n’a toutefois pas la prétention de défendre une thèse.
Martin Michaud s’est inspiré pour la trame de ce roman d’affaires de trafic humain à Montréal et notamment du procès d’une jeune femme séquestrée pendant plusieurs mois qui a été contrainte d’avoir des rapports sexués avec plusieurs hommes. Père d’une fille de 18 ans, cette affaire l’a touchée. Il a fait des recherches sur des faits relatant des faits similaires.
Le roman commence par une scène d’ouverture avec la disparition d’un petit garçon puis par le chapitre 48 qui nous conduit directement dans l’action. L’auteur joue avec la chronologie de l’écriture. Le chapitre 1 se situe vers la fin du roman. Cette technique est aussi utilisée à la télévision. Ce chaos a du sens dans le roman.
Dans son processus créatif, la phase préalable est l’accumulation d’articles de presse. Il a aussi échangé avec des intervenants de centres de jeunesse et un professeur de philosophie. Il a remis le nez dans des textes de philosophie.
Avant l’écriture, le plan est moins détaillé que pour les premiers romans mais les scènes importantes et le point de chute est connu. Le plus gros travail est alors de trouver le bon chemin entre les scènes. Il peut toutefois y avoir de la souplesse par rapport à la scénarisation.
En s’attaquant à la figure du Père Noël, l’auteur dénonce d’une certaine manière les faux semblants et les idées reçues de la société. Le Père Noël est dans le roman l’incarnation du mal absolu. Le thème de la pièce noire est une image forte qui illustre la part de ténèbres qu’on a en nous.
A la fin du roman, on éprouve de la sympathie pour Dante qui est pourtant un tueur. La conclusion nous interroge sur la notion du bien et du mal : est-ce qu’on a tous un potentiel de violence à l’intérieur de nous-même, de façon innée ?
Le Mot de l’Editeur
Avec Violence à l’origine, son nouveau roman qui met en scène la quatrième enquête de l’inspecteur Victor Lessard, Martin Michaud prouve qu’il a l’étoffe des grands auteurs de polars.
Responsable de la section des crimes majeurs en l’absence de son supérieur, le sergent-détective Victor Lessard se voit confier la mission d’enquêter sur la mort d’un haut gradé du SPVM dont on a retrouvé la tête dans un conteneur à déchets. Formé du jeune Loïc Blouin-Dubois, de l’inimitable Jacinthe Taillon et de Nadja Fernandez, avec qui Victor partage sa vie, le groupe d’enquête qu’il dirige doit faire vite, car l’assassin a laissé un message qui annonce de nouvelles victimes. Confronté à un tueur particulièrement retors, qui peint de lugubres graffitis sur le lieu de ses meurtres et évoque un curieux personnage surnommé le » père Noël « , pressé d’obtenir des résultats rapides par sa hiérarchie sans pour autant recevoir l’appui nécessaire, Victor Lessard s’entête envers et contre tout à résoudre » l’affaire du Graffiteur « , dédale inextricable d’une noirceur absolue qui ravivera les meurtrissures de son âme, ébranlera ses convictions les plus profondes et le mènera au bord du gouffre.
Quelques mots sur l’auteur
Martin Michaud est né à Québec en 1970. Ayant longuement pratiqué le métier d’avocats d’affaires, il se consacre maintenant entièrement à l’écriture. En parallèle à ses activités de romancier, il travaille à la scénarisation de ses œuvres pour la télé et le cinéma.
Ses sept thrillers ont obtenu un succès fulgurant au Québec et lui ont valu six prix littéraires. Ses romans deviennent aussi de plus en plus populaires en Europe.
Il habite depuis 25 ans à Montréal, ville où se situe l’action de son dernier roman des enquêtes de Victor Les sardines, qui fait suite à 3 autres romans : « Il ne faut pas parler dans l’ascenseur », « La chorale du diable » et « Je me souviens ».
Notre avis
Ce roman se dévore mais si c’est un roman très noir. Noir par la série de meurtres qui ont été perpétrés, noir en raison de la fatalité qui s’abat sur le petit garçon enlevé de 6 ans, noir pour le chemin que va suivre Dante. Ce roman nous incite également à nous interroger sur la part d’ombre que chacun a en soi et sur l’origine du mal.
L’organisation des chapitres, avec des transferts dans le futur et des retours dans le passé renforce le suspens et nous mets en position d’enquêteur en nous poussant à essayer de reconstituer le puzzle : qui est responsable de ces meurtres et comment franchit-on le cap de devenir un meurtrier ?