Égarer la tristesse de Marion McGuinness

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Égarer la tristesse en bref

Elise a perdu son mari il y a un an, alors qu’elle était enceinte de son fils Ian. Elle ne s’accroche à la vie que pour ne pas faillir à ses responsabilités de mère. Elle a été soutenue pendant cette période par sa voisine Manou qui finit par lui confier les clés de maison à Pornic pour lui permettre un nouveau départ. Après le décès de son mari, il ne reste à Manou que son petit-fils, Clément, sauveteur en mer, qui a perdu sa mère à l’âge de 14 ans.

Rencontre avec Marion McGuiness

Nous avons rencontré l’auteur le 11 juin dans les locaux de Babelio. Sur les murs des locaux de Babelio, des illustrations de Benjamin Chaud.

Les origines du roman

Marion a déjà abordé la maternité dans ses guides et de son blog. Le blog est un bon exercice d’écriture mais un roman est une démarche différente. « Egarer la tristesse » est son premier roman.
Le roman est né dès le début de son blog créé après la naissance de son fils qui a aujourd’hui 9 ans.
L’angoisse primitive de se retrouver seule pour élever son enfant est à l’origine de l’histoire du roman. Les bases du roman et le personnage d’Elise existaient déjà.
Au fil des ans, la personnalité d’Élise a évolué. Le sujet du deuil s’est ouvert à d’autres personnes que le conjoint.

Les personnages 

Elise est très introvertie. La violence qu’elle a connue dans sa famille lui a donné moins de résilience pour affronter le deuil. La famille d’Elise est peu présente. Elise a besoin d’une autre famille pour se reconstruire.
Le personnage d’Elise est devenue un peu moins dur avec le temps de la réflexion. Des pages ont été difficiles à écrire, c’est peut-être l’une des raisons de la longueur de l’écriture. L’auteur s’est immergée dans le personnage d’Elise pour retranscrire ses émotions. Élise est en symbiose avec son fils Yann. Elle le porte, le garde contre elle comme un bouclier. Il la rassure comme elle le rassure.
Le personnage de Manon est influencé par sa grand-mère. Clément et Monique sont arrivés plus tard. L’entourage d’Arthur n’est pas présent dans l’histoire parce la relation entre Elise et Arthur n’était pas pas bien acceptée. L’auteur a cherché à bien différencier les réactions des personnages.
La  mer est à la fois un symbole de renaissance et de danger pour l’auteur. C’est presque un personnage du roman.  Chacun a une relation personnelle avec la mer.
L’auteur adore personnellement Pornic. Elle n’aime pas la ville et a quitté Paris depuis plusieurs années.

Le thème de la douleur 

Les souvenirs occupent une place importante dans le roman. Nous sommes chacun la somme de notre vécu pour l’auteur. A nous d’aller vers l’avant et de décider de ce que l’on fait de son passé.
Plusieurs livres sont cités dans le roman. Ils ont été marquants pour l’auteur et la suivent. Ils font partie du passé de l’auteur.  Elise s’est isolée et s’est coupée des autres car lorsqu’on souffre les gens peuvent être maladroits. Elise ne nie pas le passé mais parvient à surmonter sa tristesse, même si elle est toujours présente.
Le titre a été modifié en cours de correction des épreuves. Le titre initial était « le goût du sel ». Ensuite « Égarer la tristesse » est venu rapidement.
Le soutien de certaines personnes qui lui font confiance permet à Élise de croire qu’elle peut parvenir à surmonter la douleur.
Les descriptions, sensations et petits détails permettent de s’ancrer dans le réel et de partager avec le lecteur ce que ressentent les personnages. C’est une ouverture sensorielle pour Elise qui s’était coupée du réel. Yann est la seule raison pour laquelle Elise est encore là. A la fin du roman, Yann, le fils d’Elise, prend un peu plus de place. Il y a séparation des corps.
Le style poétique permet de montrer avec beaucoup de finesse que tout le monde a droit au bonheur.

A suivre 

L’auteur espère que ses lecteurs vont conserver quelque chose de ce roman, qu’ils aient apprécié ou non l’ensemble du récit.
Réussir à terminer ce premier roman a donné confiance à l’auteur pour se consacrer à l’écriture et à aller plus vite.
Un deuxième roman est déjà bien avancé. Le sujet est très différent.

Le mot de l’éditeur

À 31 ans, Élise se considère déjà comme une femme périmée. Quelle idée saugrenue a eu son mari de mourir aussi subitement que silencieusement, un an plus tôt, alors qu’elle grossissait de leur premier enfant ? Depuis ce jour, son fils est la seule chose qui la tient en vie, ou presque. Ses contacts avec le réel se limitent à supporter sa mère sans s’énerver, ou à savourer des chocolats avec sa vieille voisine, Manou. Quand celle-ci lui tend les clés de sa maison de vacances sur la côte atlantique, lui intimant l’ordre de délocaliser sa tristesse, cette sous-vie s’accélère. Là où l’air lui semble plus respirable, ses rencontres avec Monique, voisine radieuse, et Clément, petit-fils envahissant de Manou, vont effriter les murs qu’elle a érigés autour d’elle pour survivre. Et si pour faire le deuil de l’amour et d’une vie toute écrite, il fallait se confronter aux deuils des autres ? Entre passé et présent, les histoires s’entremêlent et dessinent une autre vie possible.

Quelques mots sur l’auteur Marion McGuinness

Marion McGuinness est rédactrice et traductrice indépendante, pour des maisons d’édition, des sites parentaux ou encore des marques de vêtements pour enfants.
Elle est l’auteure du blog « Maxi Best of McMaman » et rédactrice en chef du blog participatif, « Je suis une Seinte« . « Égarer la tristesse » (2019) est son premier roman.

Notre avis

Ce roman aborde sur les méandres des étapes du deuil. Il nous pousse à la réflexion sur les liens familiaux, amoureux et d’amitié ainsi que sur l’importance de prendre sa vie en mains. Nous découvrons progressivement, avec beaucoup de finesse, la personnalité des principaux protagonistes, leurs doutes, leurs espoirs ainsi que les épreuves qu’ils ont dû affronter à travers le récit de leur quotidien avec leurs sensations, leurs réflexions et leur émotions mais également l’évocation de souvenirs. Cela rend les personnages très attachants.

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