A l’occasion de l’exposition, Picasso. Chefs-d’œuvre !, le Musée National Picasso-Paris a regroupé des œuvres emblématiques, mises en dialogue avec celles de d’autres artistes du monde entier.
Cette sélection de 16 chefs d’œuvre nous invite à nous interroger sur la notion de chef d’œuvre, qui est très subjective. Est-ce une pièce unique ou une œuvre issue d’une série ? Comment une peinture, une sculpture ou un dessin devient-il un chef-d’œuvre ? Et qui décide de cette appellation ?
Picasso a multiplié les expérimentations. Il a peint entre 60 000 et 70 000 œuvres. Toutes ne peuvent pas être considérées comme des chefs d’œuvre.
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Cette exposition propose une nouvelle lecture de la création de Picasso. Les chefs-d’œuvre exposés font écho au regard posé par les autres (public, critiques, historiens d’art) sur une œuvre et aux événements qui ont contribué à ériger une œuvre au rang d’icone.
En introduction, l’illustration du roman de Balzac « Un chef d’oeuvre inconnu ».
Le parcours quasi chronologique se poursuit par une oeuvre très réaliste et un peu déroutante qu’il a réalisée à 16 ans
Les « Demoiselles d’Avignon », qui représente des prostituées avec des masques africains, n’a ni suscité de scandale, ni été considéré comme un chef d’oeuvre. Ce tableau a en revanche attiré l’attention d’André Breton qui en a parlé au couturier Jacques Doucet. Il a fallu attendre 30 ans pour que cette oeuvre soit considérée comme une oeuvre précurseur du cubisme. Si le tableau est au Moma, le musée Picasso en a conservé les 700 esquisses et une des représentations en tapisserie que l’artiste avait chez lui.
Les 3 « Arlequins » réalisés par Picasso en 1923 représentent des expérimentations différentes. Le costume d’arlequin a été donné en 1916 par Jean Cocteau. La recherche de l’inachevé qui montre notamment le travail de dessin fait partie des travaux de Picasso.
Les 3 « Baigneuses », qui évoquent des souvenirs de vacances avec ses amis surréalistes, ont été peints en une semaine en 1937. Picasso aurait dû commencé à travailler sur Guernica. Il a préféré se consacrer à des sujets plus légers.
En 1937, Picasso disposait de l’atelier des Augustins pour la commande de Guernica. « Les femmes à leur toilette » de très grand format aborde des sujets de la vie quotidienne, plus conforme avec ce qu’il avait l’habitude de faire. . Ce tableau représenterait les 3 femmes de Picasso : son ex femme Olga, Dora Maar, sa muse, au centre et sa maîtresse Marie-Thérèse. La technique utilisée n’est pas de la peinture mais celle des papiers collés, technique encore peu répandue chez les artistes.
« La danse » est un tableau très mystérieux que Picasso a conservé chez lui. Picasso avait collaboré avec la troupe des ballets russes. C’est là qu’il a rencontré Olga, sa première femme. Les interprétations diffèrent selon les experts : est-ce la représentation de sa femme Olga ou celle d’un trio amoureux. Il lui a fallu beaucoup de temps avant d’accepter de vendre ce tableau personnel.
La sculpture « Le faucheur » a été réalisée avec des objets de récupération (moule à pâté de sable). Malraux la considérait comme un chef d’oeuvre. Il connaissait très bien les oeuvres de Picasso et a eu un rôle important. Il est à l’initiative de la loi sur la dation qui permet s’acquitter de certaines de ses obligations fiscales par la cession d’un objet artistique ou historique. Elle a notamment été utilisée lors de la succession de Picasso.
De nombreux objets sont des expérimentations réalisées lors de sa période surréaliste.
Les sculptures de Picasso n’ont longtemps été connues que par des spécialistes. Elles sont restées très longtemps dans l’ombre des ateliers de Picasso.
Le procédé de lithographies, gravures sur pierre, était particulièrement apprécié par Picasso. Il avait l’avantage de conserver une trace de son travail et d’y ajouter des détails en fonction de ses idées. Picasso a fait une lithographie de pigeon qui s’est transformée colombe pour devenir le symbole de la paix, à l’occasion du congrès international pour la paix.
Les tableaux de la série d’Avignon font partie de ceux peints par Picasso à la fin de sa vie pour le palais des Papes à Avignon. Le style est très spontané, parfois provocateur. Cet accrochage sans cadre ni cartel était un choix de Picasso. Cette exposition n’a pas été initialement. appréciée. Elle a été re présentée en 1973, quelques mois après la mort de Picasso. L’accueil a alors été très différent.
Nous terminons l’exposition par un auto portrait de Rembrandt. Cela traduit l’influence des maîtres sur l’oeuvre de Picasso. Picasso a réalisé à la fin de sa vie des autoportraits et a repris des gravures de Rembrandt.
En pratique
Jusqu’au 13 janvier 2019
5 rue de Thorigny
75003 Paris