Mustiks : une odyssée en Zambie en bref
Au bord du Zambèze, où des colons se sont installés au début du XXème siècle, à proximité des chutes Victoria. Un des pionniers est le photographe anglais Percy M. Lark, qui s’y établit en 1903. Il monte un magasins de curiosités puis plusieurs sociétés de transport.
A côté se trouve le Victoria Fall Hotels, dont le directeur est le Piémontais Pietro Gavuzzi. Un jour, sa fille, Lina Gavuzzi, a pris peur assommé un jeune indigène. Plus tard, alors que Percy chassait des faisans, pense tirer sur un cochon. Il s’agissait finalement de l’indigène N’gulubu, dont le prénom signifie « cochon », qui avait été frappé par Lina. Beaucoup d’effervescence dans la région malgré un taux de mortalité élevé, en raison notamment des maladies apportées par les moustiques.
Le roman est introduit par un arbre généalogique où nous pouvons retrouver ces trois familles, d’origine anglaise, italienne et zambienne. Nous suivons au fil des années, la vie de 9 représentants de ces familles, dont le destin est lié, à travers les grands-mères, les mères et les enfants, qui ont vécu en Zambie (ex. Rhodésie du Nord) du début du XXème siècle à nos jours (voire quelques années dans le futur).
Le mot de l’éditeur
Au-dessus des chutes Victoria, là où les eaux du fleuve Zambèze sont encore calmes, s’était établie une poignée de colons. Mêlé aux voix de trois familles et quatre générations, un chœur de moustiques, minuscules commères, balaie de son souffle ironique les prétentions humaines de ceux qui ont peuplé ce village et œuvré à la construction de la Zambie.
Les destins des uns et des autres, un photographe britannique, une jeune femme italienne atteinte d’hirsutisme, une grande joueuse de tennis devenue aveugle, la première astronaute zambienne…, dévoilent plus d’un siècle d’histoire marqué par l’immigration européenne, la colonisation brutale et l’acculturation des peuples autochtones jusqu’à l’arrivée récente de travailleurs indiens et d’investisseurs chinois.
Dans cet hommage aux grands romans classiques et au réalisme magique, Namwali Serpell aborde, avec une infinie subtilité et un brin d’anticipation, les questions du féminisme, du racisme et de l’identité d’une nation et des générations qui l’ont composée.
Quelques mots sur l’auteur Namwali Serpell
Née en 1980, en Zambie, Carla Namwali Serpell a grandi aux États-Unis et effectué des études de littérature à Harvard et Yale. Elle vit depuis 2008 en Californie où elle enseigne la littérature. Sa nouvelle « The Sack » a remporté en 2015 le prix Caine de la meilleure fiction africaine en anglais. En expliquant que « la fiction n’est pas un sport de compétition », elle décide de partager les 15 000 $ de prix avec les autres écrivains en lice, Masande Ntshanga, FT Kola, Elnathan John et Segun Afolabi. Portée par son roman « The Old Drift, Namwali Serpell » est lauréate du Grands Prix des associations littéraires, catégorie Belles-Lettres. Elle a obtenu le prestigieux Arthur C. Clarke Award pour « Mustiks », son premier roman, monumentale fresque historique, politique et humaniste.
Notre avis
Chaque chapitre du livre est consacré au récit d’une tranche de vie d’un des membres atypiques de ces 3 familles, en privilégiant le point de vue des femmes, ce qui apporte de la richesse au récit de ces années où le rôle des femmes a évolué. Chacun illustre la malédiction de Nyami Nyami, Dieu du fleuve Zambèze (hirsutisme, cécité, abandon, pauvreté…). Ces histoires imbriquées à travers les générations nous plonge au Zambèze sur les différents événements avec le regard de colons britanniques, d’indigènes, des métis mais également des moustiques.
Ce roman de près de 700 pages est l’occasion d’aborder l’Histoire de cette région d’Afrique (la colonisation, le combat pour l’indépendance, l’épidémie de SIDA, l’immigration indienne, les investisseurs chinois…), la culture zambienne mais également des sujets plus universels (l’amour, la ségrégation raciale, l’alcoolisme, la filiation, les relations au sein d’un couple, les inégalités entre les hommes et les femmes, le rejet des différences…). Il permet également d’aborder les risques de dérives de notre société.