Peinture fraîche en bref
Le livre s’ouvre sur l’échange d’Eve, 27 ans, avec son psy, sur ce qui l’a conduit, un an auparavant, à être sur un quai de gare, la point des pieds dépassant au-dessus des voies.
Après avoir quitté le domicile familial où vit encore son père qui a un problème avec l’alcool, elle a emménagé depuis 4 ans dans l’appartement d’un couple, Karina et Bill. Sa mère est partie alors qu’elle avait 5 ans.
En contrepartie d’un loyer peu élevé, elle se charge d’un jour de ménage par semaine. Après le ménage, elle se rend au musée contempler le tableau « Un bar aux Folies Bergères » d’Edouard Manet. Elle se demande à quoi peut penser Manon, au centre du tableau, qui est serveuse, comme elle. C’était le tableau préféré de Grâce, sa meilleure amie, qui est disparue prématurément.
Eve tente de surmonter ses difficultés relationnelles d’Eve.
Le mot de l’éditeur
« Ces yeux lourds, cette frange irrégulière. Bloquée derrière son bar… Serait-elle à un tournant de sa vie qu’elle est incapable de négocier ? »Quelque chose dans le portrait de Suzon, peinte par Manet en 1882, fascine Eve, serveuse dans un restaurant de Londres, qui vient la retrouver chaque mercredi à la galerie Courtauld. Le jour où elle rend son tablier après s’être fait caresser la cuisse par un client, c’est à nouveau vers Suzon qu’elle se tourne, retardant le moment de rentrer dans l’appart un peu crade qu’elle partage avec un couple. Le moment de penser à son père et à sa canette de bière, à sa mère qui les a abandonnés. De refouler à coups de gin-tonic les souvenirs de Grace, son amie perdue… Alors qu’elle sort du musée, une annonce attire son attention : recherche modèle vivant pour cours de dessin. Eve a un loyer à payer et se lance. Les choses semblent s’améliorer – pourtant Eve continue de sombrer. Ce qui l’a menée sur un quai de gare, les pieds à quelques centimètres du drame, c’est à sa psy qu’elle le confiera. Dans le chaos des pensées de cette narratrice à l’humour acéré, l’art, l’amour et l’amitié prennent peu à peu le dessus, conférant au premier roman de Chloë Ashby une note d’espoir et une profondeur inattendue.
Quelques mots sur l’auteur Chloë Ashby
Chloë Ashby est critique littéraire et critique d’art. Elle collabore régulièrement à divers journaux et revues.
Notre avis
L’auteur décrit, avec de nombreux détails, ses journées et ses réflexions à la première personne du singulier. Cela crée une certaine complicité avec le lecteur, un peu s’il recevait les confidences, sans filtre, d’une amie proche. Par contraste, elle s’épanche peu sur son amie, Grace, n’évoquant que des bribes de souvenirs, faisant des parallèles avec des situations auxquelles elle est confrontée. Ce contraste, l’ambivalence entre pudeur et audace, sont perceptibles au quotidien et trouvent pleinement leur illustration lorsqu’elle pose nue comme modèle. Cela traduit la fragilité d’Eve que le lecteur appréhende progressivement.