Prendre Gloria : comment broder sur l’affaire du haircut killer

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Vendredi 15 janvier, nous sommes allés dans les locaux de Babelio rencontrer Marie Neuser pour son dernier roman, « Prendre Gloria ».

Babelio

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On apprend tout de la genèse de ce roman par l’auteur qui nous transmet sa passion pour élucider cette affaire qui la hante toujours encore aujourd’hui.

Prendre Gloria en bref

Prendre Gloria est un roman librement inspiré d’un fait divers en Italie. En 1993, Gloria Prats, 16 ans, est partie dans l’église de la Miséricorde voir quelques minutes un de ses amis, Damiano. Son amie, Elena, qui devait la rejoindre 10 minutes plus tard ne la reverra jamais. 17 ans après, des ouvriers roumains retrouvent le corps de Gloria dans les combles de l’église.

A fil des chapitres, on passe de 1993 à 2010, les points de vue change (amis, famille, médecin légiste, policier, procureur). Cela nous permet de se faire progressivement une idée sur cette affaire.

Rencontre avec Marie Neuser Rencontre avec Marie Neuser

Ses sources d’inspiration

Marie Neuser s’est inspirée d’un fait divers en Italie : la disparition d’une jeune fille, Elisa Claps, assassinée probablement par Danilo Restivo, appelé le « haircut killer » qui ne sera inquiété que 20 ans plus tard en Angleterre pour un nouveau meurtre.

L’auteur a pris connaissance de cette affaire au moment de la découverte du corps et a suivi l’émission populaire italienne sur les disparitions qu’elle nomme  « Où es-tu ? »dans son roman. Elle a découvert comment cette affaire a été détournée et enterrée.

Ce qui l’intéresse, ce n’est pas l’enquête en elle-même mais de comprendre le lien logique entre les événements (le curé brésilien, le pipi, les mèches de cheveux, l’évêque…). Elle a laissé son imagination d’écrivain mettre de la lumière dans ce chaos.

L’auteur a fait des recherches dans les médias. Elle a visionné les procès filmés (les procès peuvent être filmés en Italie) et a ainsi pu voir la procureur du roman en action. Elle a essayé d’être au plus proche de la réalité. Quelques personnages ont été inventés, la personnalité des protagonistes a été imaginée. C’est la seule part d’imaginaire. L’auteur a également dû broder sur la symbolique autour du cheveu. L’idée lui est venue des traces de fluides sur le matelas des combles de l’église. Pour donner une explication au fait que le prêtre n’ait pas parlé de ce qui se passait dans les combles, l’auteur a dû imaginer.

D’après l’auteur, le rôle de la mafia, en tant petits arrangements entre notables, la mainmise de la religiosité sociale et la forteresse familiale autour du coupable ont rendu cette affaire exceptionnelle.

Rencontre avec Marie Neuser

Son écriture

L’histoire n’est pas racontée de manière chronologique. Marie Neuser l’a écrit comme elle a récupéré des informations, au fil de l’eau. Elle a voulu présenter au lecteur les points de vue des personnages selon les époques, la succession des informations. Elle a inventé les motivations des personnages qui ont donné de faux témoignages, qui ont dissimulé des preuves.  L’objectif est de reconstituer ce fouillis. Pour ne pas trop embrouiller le lecteur, elle a daté la plupart des chapitres.

L’auteur a cherché à comprendre comment des hommes peuvent être amenés à empêcher l’enquête d’aboutir. Le coupable a finalement peu d’importance, ce qui est intéressant est le POURQUOI.

Dans le roman, il y a une multiplicité de protagonistes, de points de vue. Il n’y a pas de personnage principal. Dans chaque personnage, il y a de l’empathie. Les seuls héros sont les membres de la famille de Gloria / Elisa. Dans le roman, l’auteur a très peu donné la parole au criminel, c’était trop difficile d’entrer dans sa tête. Mais à travers le témoignage des autres protagonistes, l’auteur montre de la compassion pour cet homme, en racontant son manque affectif, sa souffrance dans l’enfance, l’arrogance du père, des sévices de la part du prêtre…).

Le diptyque « Prendre femme » a été écrit en 3 ans.  Au départ, l’auteur a commencé à travailler sur « Prendre Gloria ». Au moment du passage sur l’Angleterre, elle s’est rendu compte que cela ne pouvait pas faire qu’un seul livre. Elle a alors décidé d’écrire un second livre « Prendre Lily« . C’est ce second livre, sur les conseils de son agent et de son éditeur,  qui a été publié le premier. Cela ajoute du suspens à l’histoire. Cela permet de comprendre comme Danilo Restivo / Damiano Solivo est passé de la norme à la monstruosité.

Marie Neuser

Le mot de l’Editeur

« Vous regardez entrer une amie dans une église un dimanche à 11 h 30. »

Dans la commune italienne de P., on sauve les apparences. Et surtout le dimanche. Le 12 septembre 1993 a dérogé à la règle. Ce jour-là, Gloria Prats quitte son amie Elena pour honorer un rendez-vous. Elle franchit le perron de l’église de la Miséricorde. Un rendez-vous furtif, pas plus de quelques minutes. Le 12 septembre 1993, les minutes deviennent des heures. Gloria ne ressort pas. Une fugue, à coup sûr. Ou un coup de ce petit Albanais trop discret pour être honnête. Tout, mais pas le principal suspect, protagoniste numéro 2 du rendez-vous : Damiano Solivo.

Comment on construit un monstre, comment le pouvoir oblitère la vérité dans une ville de province pétrie de règles ancestrales. Prendre Gloria est un roman noir et une puissante critique sociale, genèse du diptyque tiré d’un fait divers qui tourmenta l’Italie et l’Angleterre de 1993 à 2011.

Quelques mots sur l’auteur

Marie Neuser a fait des études à la Fac d’italien à Aix-en-Provence d’où elle sort avec l’Agrégation. Elle donne des cours d’italien.

Elle a aussi étudié l’espagnol, le portugais avant de s’attaquer aujourd’hui au japonais. Ce qui ne l’empêche pas de s’intéresser également beaucoup à la criminologie.

Les voyages ont toujours été une source d’inspiration pour son écriture.

« Prendre Gloria » est son 4ème roman  après « Un petit jouet mécanique », « Marseille Noir », « Je tue les enfants français » «et « Prendre Lily ». Il est fortement lié au précédent roman « Prendre Lily » qui décrit l’affaire de Danilo Restivo  en Angleterre.

Dédicace

Notre avis

On entre vite dans ce fait divers et on dévore les pages du livre pour en savoir plus, même si on se doute du coupable dès le début. L’important est de comprendre comment on a pu arriver là 17 ans après : les faux témoignages, la transformation d’un jeune homme en monstre, la dissimulation de preuves. L’analyse que fait Marie Neuser des motivations des personnages est passionnante.

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