La terre qui les sépare en bref
Le père de l’auteur, opposant au régime de Kdhafi, a été enfermé en 1900 dans la prison d’Abou Salim. La famille reçoit 3 lettres puis plus rien. A la libération des prisonniers en 2011, son père est introuvable. L’auteur décide alors de mener des recherches pour retrouver son père.
Dans ce livre Hisham Matar retrace ses démarches mais évoque également son enfance et son exil, avec comme toile de fonds l’histoire de la Libye.
Le Mot de l’Editeur
En 1990, Hisham Matar a dix-neuf ans lorsque son père, Jaballa Matar, disparaît. Celui-ci, après avoir trouvé refuge en Égypte avec ses proches, est enlevé et emprisonné en Libye pour s’être opposé dès le début au régime de Kadhafi. La famille reçoit quelques lettres, envoyées secrètement, jusqu’à ce que toute correspondance cesse brusquement. Vingt et un ans plus tard, lors de la chute de Kadhafi, en 2011, le peuple prend les prisons d’assaut et libère les détenus. Mais Jaballa Matar est introuvable. A-t-il été exécuté lors du massacre d’Abou Salim qui a fait 1 270 victimes en 1996? La détention l’a-t-elle à ce point affaibli qu’il erre quelque part, libre mais privé de souvenirs et d’identité? Hisham Matar va mener l’enquête pendant des années, contactant des ONG et des ambassades, relatant l’histoire de cette disparition dans la presse internationale, se rendant à la Chambre des lords en Angleterre, son pays d’adoption, s’adressant aux personnalités les plus inattendues, de Mandela au fils de Kadhafi. À travers une méditation profonde et universelle sur la condition des fils qui attendent le retour de leurs pères partis au combat, Hisham Matar retrace aussi l’histoire poignante d’un retour au pays, après une absence de plus de trente ans. Il livre également un portrait subtil de la Libye prise dans la tourmente de la dictature et de la révolution, qui synthétise les espoirs déçus du Printemps arabe.
Retour sur la rencontre avec l’auteur le 18 janvier
En attendant l’auteur, l’interprète nous parle de la traductrice qu’elle a rencontrée. Agnès Desarthe, qui ne traduit pas habituellement ce type d’ouvrage, a eu besoin de prendre beaucoup de recul par rapport au texte, parfois déchirant.
La publication du second roman a eu lieu pendant Le Printemps arabe. Au bout plus de plus de 30 ans, il a pu retourner dans son pays d’origine avec sa mère et sa femme. Cela a été l’occasion de se replonger dans les paysages, la famille et l’histoire de son père. Pour combattre cette émotion qui je submergeait il a tenu un journal quotidien pendant un mois. Il n’a rien écrit plusieurs mois après. Il a envisagé que c’était la fin de sa vie d’écrivain. Il a alors relu ses notes avec une certaine distance. Il a écrit un article de 5 000 mots pour le New Yorker puis en a rédigé un livre. Il a repris les 2 premières lignes de ses notes puis le livre s’est construit progressivement. Le journal lui a servi pour se souvenir de détails.
Le fait que son père ait écrit des poèmes a certainement une influence dans je choix de l’auteur de devenir écrivain. Ce 3ème ouvrage suit 2 fictions. Pendant la dictature ses romans étaient interdits. Raconter l’histoire en se mettant en dehors de la lumière était un défi d’écriture. Mais il y a beaucoup de similitudes avec la fiction dans ce roman, même s’il y a des faits historiques.
L’auteur a fait des études d’architecte. Il a pris conscience de la difficulté de prêter attention à quelque chose, de le rencontrer. Il a essayé d’être très fidèle dans son roman par rapport aux faits mais le récit est incomplet. Beaucoup de silences entourent l’histoire de la Libye (le colonialisme, la dictature…).
Dans son roman, l’auteur reste enthousiaste sur l’avenir de la Libye même s’il a un regard très objectif sur la situation du pays. La Libye subit les conséquences de la dictature comme la faiblesse de l’éducation et des relations complexes avec des pays liées au pétrole.
Le fil conducteur du roman reste La recherche de son père. Mais la recherche du père implique aussi les relations entre père et fils, le lien entre passé et présent, ce qui s’est passé avant sa naissance. Ce thème est très répandu dans la littérature. Ses sources d’inspiration sont nombreuses comme Shakespeare, Joseph Conrad.
Des faits douloureux sont relatés, mais il n’y a pas pathos dans le roman. L’auteur n’avait pas l’intention d’écrire quelque chose de noir mais de rendre compte de façon authentique des événements et laisser une part d’interprétation au lecteur.
Quelques mots sur Hisham Matar
Né à New York City en 1970, Hisham Matar a passé son enfance en Libye avant de s’exiler en Egypte puis à Londres où il fait ses études.
Diplômé en architecture, il publie son premier roman Au pays des hommes en 2007 puis Anatomie d’une disparition.
Notre avis
Ce livre très émouvant conduit à réfléchir sur les relations d’un fils avec son père et sur l’exil.